Licorne d'Or du 17e Festival de Paris du
Film Fantastique, Near Dark n'obtint pas le succès escompté
auprès du public français. Faut-il donc attendre qu'un film
soit diffusé en vidéo pour qu'on lui concède estime
et succès ? Ecrit par Kathryn Bigelow et Eric Red (responsable du
script de Hitcher et de la réalisation de Cohen and Tate) Near Dark
traite du vampirisme sans que soient évoquées les traditionnelles
conventions du genre. Pas de gousses d'ail, de crucifix, encore moins de
pieu dans le coeur ! Les vampires de Near Dark n'ont ni les yeux jaunes,
ni les canines pointues, leurs ongles ne poussent pas, et leurs joues ne
se gonflent pas sous l'effet des bladders. Ils sont plutôt sales,
mal habillés, et leur seul souci demeure celui de survivre, d'échapper
aux autorités, et surtout de s'abriter de la lumière du jour.
Le soleil reste donc leur pire ennemi. Ces créatures de la nuit,
sans foi ni loi, sont dangereuses, et le sang leur est nécessaire,
tout comme le plaisir de tuer. Nous sommes bien loin des mouvements de
cape de Christopher Lee et de la légende transylvanienne. Les vampires
hantent les routes désertes de l'Amérique, êtres égarés
à la recherche de leur identité. Road movie fantastique,
Near Dark entraîne le spectateur dans un domaine peu exploré
ces temps-ci, celui des histoires bien racontées. Kathryn Bigelow
ne travaille pas dans un manièrisme consommé. En quelques
plans simples, en quelques dialogues lapidaires, le film vient à
la vie, tandis que la musique de Tangerine Dream magnifie l'image. Mais
l'atout majeur de cette oeuvre demeure la magistrale direction d'acteurs.
Kathryn Bigelow connaît parfaitement ce travail souvent méprisé
par la plupart de nos metteurs en scène (c'est pourtant leur rôle
!). Sans les extraordinaires performances des comédiens, Lance Henriksen
en tête, le film perdrait certainement de sa force. Eux seuls ont
su rendre parfaitement crédibles ces être venus de la nuit
des temps...
Bruno Estragués ©